Decathlon Charleroi 

Decathlon Charleroi : quand le sport côtoie le préfabriqué

À Charleroi, un Decathlon flambant neuf vient d’être édifié sur un terrain en pente légère, coincé entre le Ring et la Chaussée de Bruxelles. Par sa couleur et sa texture, le bâtiment est un clin d’œil au passé industriel de la ville. Mais il n’y a pas qu’à l’intérieur de l’enceinte préfabriquée que le sport est à l’honneur : les aficionados de l’effort peuvent aussi investir le toit pour s’y défouler sur plusieurs terrains de padel et de mini-foot qui y sont aménagés. Les architectes de l’Atelier de l’Arbre d’Or ont jeté leur dévolu sur des panneaux de façade en béton revêtus d’un parement en plaquettes de briques vernissées noires. Étienne Frankart, architecte associé, nous explique les raisons de ce choix.  

Étienne Frankart : La première pierre a été posée en mars 2019 et tout devait être ficelé pour décembre. Dix mois de travail. Compte tenu de ce délai extrêmement serré, la préfabrication s’est avérée être le mot d’ordre à suivre car le projet couvre tout de même plus de 6.500 mètres carrés. En principe, il s’agissait d’un volume relativement simple : un parallélépipède rectangle de 112 mètres de long sur 57 mètres de large et 7,5 mètres de hauteur, posé sur une série de colonnes délimitant l’espace d’un vaste parking couvert. Ces alignements de colonnes supportent des poutres qui elles-mêmes reprennent des hourdis. Nous avons étudié les différentes options de finition avec la firme Schelfhout et notre choix s’est porté sur des panneaux sandwich préfabriqués d’une longueur de 4 mètres. Ces prémurs composites de 25 centimètres d’épaisseur sont constitués d’une lame de polyuréthane de 10 centimètres emprisonnée entre les 9 centimètres de la feuille intérieure et les 6 centimètres de l’enveloppe extérieure. Le parement est réalisé en plaquettes de briques de 1,5 centimètre d’épaisseur, collées sur le panneau externe. 

Cette finition n’est pas encore très connue parmi les architectes. Comment vous est venue l’idée de l’utiliser pour ce projet ?
Nous voulions conférer aux façades une symbolique renvoyant au passé industriel du site. L’intégration d’un bâtiment dans son environnement revêt en effet de l’importance. Les briques vernissées noires apposées sur la face extérieure des panneaux rappellent le charbon et constituent un clin d’œil au patrimoine et à l’ancienne activité industrielle de Charleroi et de ses alentours. 

Quelle expérience tirez-vous de l’utilisation de ces panneaux ?
Les panneaux sandwich composent un tout réunissant les façades structurelles, l’isolation et le parement extérieur. Dès que le gros œuvre a été en place, nous avons pu parachever l’ensemble du volume en une seule étape. Vu les délais serrés auxquels nous étions astreints, cela nous a permis de prendre de l’avance. Les panneaux se sont également révélés avantageux en termes de prix et de sécurité : comme tout s’est déroulé en une seule phase, l’intervention sur le chantier a été beaucoup plus courte que si nous avions travaillé de façon traditionnelle, en combinant des murs maçonnés et des briques. À nos yeux, l’option choisie était tout simplement la solution idéale. Les choses ne se sont cependant pas faites en un claquement de doigts. Nous avons d’abord étudié le projet en étroite concertation avec les techniciens de Schelfhout. Nous avons également visité leur usine pour bien appréhender tous les aspects de la technique, ce qui nous a permis de nous forger une bonne idée de son application sur le chantier. Schelfhout nous a apporté tout le soutien nécessaire et a réalisé les calculs qui s’imposaient. Comme les murs et les briques présentent des tolérances différentes, il a fallu composer avec un calepinage particulier. Mais tout s’est parfaitement déroulé, tant lors des études qu’au cours de la construction. 

« On peut alors jouer sur les textures et les couleurs; le béton nous offre, à nous architectes, un panel de possibilités assez large qui nous permet de nous exprimer dans la conception de nos projets. » 

Ir. Etienne Frankart

Architecte associé, Atelier de l’Arbre d’Or

Fiche technique

Maître de l’ouvrage : Decathlon
Architecte : Atelier de l’Arbre d’Or sa
Entrepreneur : Stadsbader sa
Bureau d’étude : BSolutions sprl

Pour ce projet, Ergon a livré :

  • Poutres en béton précontraint
  • Hourdis

Pour ce projet, Schelfhout a livré :

  • 2 485 m² Panneaux sandwich, 25 cm épais
    Isolation : 10 cm PU
  • Bandes de briques: ABC Vulcano Gris
    Joint de couleur : Seifert Ref 930

Le client, Décathlon, est-il satisfait ?
La satisfaction du client est du même ordre que la nôtre. Le résultat correspond précisément à l’image que l’on s’était faite du projet. Et comme je l’ai déjà indiqué, le timing a joué un rôle très important. Le jour où la première pierre a été posée, les invitations à l’inauguration du nouveau magasin étaient pour ainsi dire imprimées. Nous devions donc tout faire pour respecter ce timing serré. Nous avons tenu tous les délais fixés et le magasin a ouvert ses portes fin décembre, exactement comme prévu.  

Pourquoi un bureau d’architecture travaille-t-il avec un matériau comme le béton préfabriqué ?
Le béton préfabriqué permet d’assembler des bâtiments à la manière d’un vaste mécano. Dans le cas présent, cela s’est avéré très précieux. Mais indépendamment de cela, le béton – et plus particulièrement le béton préfabriqué – offre une plus grande valeur ajoutée, y compris pour des projets d’une toute autre nature. Bien sûr, nous utilisons le béton depuis longtemps pour la stabilité et le gros œuvre des constructions. Mais aujourd’hui, l’éventail d’éléments disponibles ouvre davantage de possibilités intéressantes pour la finition intérieure comme extérieure. À Charleroi, il s’agissait de panneaux de façade, mais je pourrais tout aussi bien évoquer des balcons, des « maillages » de façades qui, tous, participent largement à un langage architectural contemporain. Le secteur est en plein développement et nous allons toujours plus loin dans l’usage du matériau. On parle même de voiles translucides. Une fois les calculs correctement réalisés, il permet de franchir des portées importantes, qu’il s’agisse de poutres ou de dalles. On peut alors jouer sur les textures et les couleurs; le béton nous offre, à nous architectes, un panel de possibilités assez large qui nous permet de nous exprimer dans la conception de nos projets. 

Avez-vous effectué une comparaison de prix avec la maçonnerie classique ?
Il est très vite apparu que le choix retenu était le plus avantageux. Recourir à des maçons pour un projet de cette ampleur et à cette hauteur – puisque le bâtiment est érigé sur des pilotis – aurait exigé énormément de main-d’œuvre. En revanche, grâce aux éléments préfabriqués et déjà revêtus, nous avons pu limiter le nombre d’opérateurs et d’interventions sur le chantier. Ce choix ne s’est pas seulement révélé plus rapide et plus efficace, il a aussi permis de comprimer les coûts. Et si nous n’avons jamais affiné la comparaison de prix jusque dans les moindres détails, il est très vite devenu évident que nous avions effectué le choix le plus avantageux à tous égards. 

Atelier de l’Arbre d’Or

Créé en 1990, le bureau d’architecture compte actuellement une vingtaine d’architectes opérant sous la direction de cinq associés, dont Étienne Frankart. Leur lot quotidien : concilier créativité, fonctionnalité et technologie. Leur travail trouve à se concrétiser dans un panel de logements, de bureaux et d’établissements de soins, de réalisations urbanistiques ou patrimoniales,… Parmi quelques réalisations récentes qui portent le sceau de l’Atelier de l’Arbre d’Or, citons plusieurs écoquartiers résidentiels, le nouveau quartier des Casernes et le siège de CBC Banque & Assurances à Namur. Last but not least : le nouveau Decathlon de Charleroi.

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